Pauline : Pour moi, la Drôme, c’est une région où l’on peut se retrouver in Ruhetranquille, au calme, au milieu de überwältigendsublimes paysages. Mais c’est aussi un lieu peuplé de personnes pleines de créativité, comme Carole Pervier. Elle est modiste, ou chapelière : en fait, elle crée des chapeaux de toutes sortes, dans la ville de Saoû. Notre correspondant Chakri Belaïd est allé lui rendre visite dans sa boutique. Elle décrit tout de suite les raisons qui l’ont poussée à venir s’installer dans la Drôme.
Chakri Belaïd : 22 ans, vous landenavez atterri ici. Et vous veniez d’où, d’ailleurs ?
Carole Pervier : L’adresse d’avant, on était dans Paris in der Innenstadtintramuros avec des origines bretonnes.
Chakri Belaïd : D’accord. Et qu’est-ce qui vous a fait quitter Paris ?
Carole Pervier : Envie de changer la cadence, changer le rythme, un deuxième enfant. Et du coup Umschulungreconversion, envie de travailler avec mes mains et je suis allée me former, je me forme encore au Musée du chapeau.
Chakri Belaïd : Alors une question, pourquoi cette région ?
Carole Pervier : On est tombés amoureux. On a cherché notre paradis, et on l’a trouvé ici en fait.
Chakri Belaïd : Et pourquoi ça vous a semblé donc être un paradis pour vous, alors ?
Carole Pervier : Il fait bon vivre, on avait besoin de voir les montagnes, on est dans les Vorgebirgecontreforts des Alpes, il y a le site de la forêt de Saoû qui est magnifique. On se sent bien ici.
Chakri Belaïd : Et le village est sympa.
Carole Pervier : Et le village est sympa, le village est très freundlichaccueillant et il grossit.
Pauline : Un visiteur, Bernard, entre dans la boutique. Chakri Belaïd en profite pour parler chapeau avec la modiste Carole Pervier.
Bernard : Bonjour !
Chakri Belaïd : Ah Bernard !
Bernard : Et ben voilà, je me suis dit, s’il n’est pas devant l’église, il est là !
Chakri Belaïd : C’est qu’il est là. Excusez-moi hein...
Carole Pervier : Tu veux en café ?
Bernard : Non merci, c’est gentil.
Chakri Belaïd : On était en train de discuter des chapeaux. Est-ce qu’on pourrait voir encore un ou deux modèles, les best-sellers ou celui dont vous êtes le plus stolzfière, celui dont vous avez envie de parler le plus ?
Carole Pervier : Mon propos de départ, l’idée première, c’était de démocratiser le chapeau, de donner envie aux gens. C’est-à-dire que, comme j’en porte depuis 40 ans, longtemps j’étais un peu seule dans la rue avec mon chapeau sur la tête. C’était une réalité de la vie. Longtemps, les personnes ne portaient des chapeaux que pour les cérémonies. La Schirmmützecasquette américaine est arrivée, tout le monde a repris l’habitude de se mettre quelque chose sur la tête. Et au bout d’un moment, peut-être que certains se sont vus dans le miroir et se sont dits, tiens, et si on changeait de look. Donc le chapeau revient. La haute couture refait défiler un peu plus de chapeaux sur les Laufstegpodiums, donc c’est dans les pages de magazines, donc ça rend l’accessoire plus mode. En tout cas, depuis quatre, cinq ans, les gens ont compris que ça servait à quelque chose, donc c’est une bonne nouvelle. Donc vous vouliez connaître mes tarifs. Ma Spannefourchette de tarifs, c’est, je vais... J’ai un petit hier: Eimerhutpanier à petits prix à 10 euros pour rendre les choses accessibles qui...
Chakri Belaïd : D’accord, le chapeau à 10 euros.
Carole Pervier : Voilà et on monte à 300 pour celui-là.
Pauline : Pour terminer, notre correspondant demande à Carole Pervier s’il lui arrive de regretter son choix, celui d’avoir quitté Paris pour la Drôme.
Carole Pervier : Au bout de 22 ans, mais jamais, aucun regret. Et quand je retourne à Paris, j’ai mon billet de retour dans la poche et c’est pour dans deux jours, max. À Paris, on vit dans l’anonymat. Donc finalement, les gens, au bout d’un moment, ils finissent par vous reconnaître. Ils disent, ah, c’est peut-être la voisine du quatrième. Je n’exagère pas beaucoup, c’est ça la réalité de la Stadtlebenvie citadine. Alors qu’ici, on est dans l’entraide (f)gegenseitige Unterstützungl’entraide et oui, on va se dire bonjour et oui on va s’entraider et oui on va eine Fahrgemeinschaft bildencovoiturer, mais il n’y a pas besoin de gros mots pour faire tout ça, ça se fait juste naturellement, pour vivre ensemble, pour faire les choses ensemble. Et il y a cette énergie-là qui existe sûrement en ville mais qu’on n’était pas allé chercher à ce moment-là.
Pauline : En tout cas, cette énergie, on la retrouve bien chez Carole Pervier, que nous remercions pour cet interview !