Le chantier du siècle

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    Souvenez-vous… Le 15 avril 2019, à 20 h, le ciel de Paris s’embrasait. Un incendie était en train de ravager la cathédrale Notre-Dame. Un incendie effroyable, qui aurait pu la détruire en entier. Mais miracle… La « vieille dame », comme l’appellent les Parisiens, avait perdu sa flèche, une partie de sa charpente et de sa nef, mais elle avait résisté. Dans l’émotion qui avait touché le monde entier, le président Emmanuel Macron avait promis que Notre-Dame serait reconstruite en 5 ans. Le pari a été tenu. La reconstruction de la cathédrale a commencé par un grand ménage. Il a fallu débarrasser le site des poussières hautement toxiques dues à la fonte des 400 tonnes de plomb du toit et de la flèche et enlever tous les gravats. Ces gravats ne sont pas jetés, mais considérés comme des vestiges historiques. Ils sont stockés dans un hangar et étudiés. Ils permettent de comprendre comment la cathédrale a été construite au XIIIe siècle.

    Pendant 5 ans, 250 entreprises et des centaines d’artisans seront mobilisés pour rebâtir Notre-Dame. Pour reconstruire la charpente, 1 000 arbres ont été coupés dans toute la France. Les pierres manquantes sont choisies dans des carrières qui ont une pierre presque identique à celle utilisée au Moyen Âge. Les 8 000 tuyaux du grand orgue qui a souffert de la fumée, sont démontés et remis à neuf. Les 22 peintures datant des XVIIe et XVIIIe siècles sont restaurées. Pour la reconstruction de Notre-Dame, on parle du « chantier du siècle » ! Heureusement, la cathédrale a reçu 840 millions d’euros de dons du monde entier.

    Pendant que les artisans reconstruisent, plus de 150 scientifiques étudient en détail chaque centimètre carré de la cathédrale : ses pierres, ses vitraux, ses métaux, les bois de la charpente, ses décors (sculptures, peintures…), l’acoustique du bâtiment, etc. Notre-Dame est une mine d’informations. Martine Regert, directrice de recherche au CNRS est coordinatrice du chantier scientifique de Notre-Dame : « Mais en plus, si on considère les bois de la charpente qui sont des biomatériaux, ce sont des bois qui portent des informations climatiques et environnementales sur ce qu’on appelle l’optimum climatique médiéval et sur la sylviculture et la gestion de l’environnement forestier à l’époque puisque tout ça peut se lire dans le bois. »

    Les archéologues trouvent les restes d’une maison romaine du Ier siècle. Mais la principale surprise est la découverte d’un mystérieux squelette dans un sarcophage en plomb. Transporté à l’institut médical de Toulouse, les scientifiques font « parler » le cadavre : traces d’une maladie rare, décès entre 30 et 40 ans, indices d’une pratique régulière de l’équitation… Pas de doute, il s’agit du célèbre poète Joachim du Bellay – qui fut un temps chanoine de Notre-Dame, tout s’explique ! Grâce au nettoyage des pierres et des vitraux, Notre-Dame de Paris a aujourd’hui retrouvé sa lumière d’origine. La cathédrale, qui attirait 13 millions de visiteurs par an avant l’incendie, rouvre ses portes les 7 et 8 décembre.