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    L’amitié franco-allemande : comment se porte-t-elle ?​

    MOYEN
    Écoute 5/2024
    Mann und Frau
    © artpipi/iStock
    Von Vincent Picot

    Goethe s’en va. Et il ne revient pas.​

    En septembre dernier à Munich, l’Institut Goethe décidait de fermer trois de ses neuf établissements en France : Bordeaux, Lille et Strasbourg. hier: seltsam​Drôle de symbole l’année des 60 ans du traité de l’Élysée, qui befürworten​prônait le rapprochement des deux « ennemis héréditaires » par l’apprentissage de la langue du pays voisin, la connaissance de sa culture et de sa civilisation. L’Institut Goethe a motivé sa décision par « la nécessité des évolutions géopolitiques » et par des « contraintes budgétaires ».​

    sofort​Aussitôt, de nombreuses voix laut werden​se sont élevées pour bedauern​regretter ces fermetures. « C’est un très mauvais signal que l’Allemagne envoie à la France », juge l’universitaire Jérôme Vaillant, directeur de la revue Allemagne d’aujourd’hui. « À Bordeaux, on détruit une institution qui fonctionnait très bien, qui organisait des Veranstaltung​manifestations culturelles et des colloques, qui parlait de l’Allemagne dans sa totalité. Bordeaux est d’ailleurs Partnerstadt von ... sein​jumelée avec Munich, où se trouve la centrale de l’Institut Goethe. » ​

    L’universitaire rappelle toutefois que les six instituts Goethe fortbestehend​maintenus en France ont un budget supérieur à celui des instituts culturels français outre-Rhin. « Une douzaine de centres français ne am Laufen gehalten werden​subsistent en Allemagne que dank etw​grâce à l’aide des Bundesländer. Le centre de Karslruhe überleben​a survécu car on a su, côté allemand, trouver les moyens nécessaires pour le sauver. Pourquoi la même chose ne serait-elle pas possible en France pour sauvegarder les instituts Goethe bedroht​menacés ? »

    L’allemand en perte de vitesse​

    La décision de Munich Teil sein von etw​s’inscrit dans un paysage düster​morose. L’apprentissage de l’allemand stark rückläufig sein​est en net recul en France depuis une vingtaine d’années. L’Association pour le développement de l’enseignement de l’allemand en France (ADEAF) fait un constat alarmant : même s’il reste la troisième langue la plus enseignée avec 798 000 élèves dans l’enseignement secondaire, l’allemand an Bedeutung verlieren​est en perte de vitesse auprès des élèves français. Moins de 14 % des collégiens l’apprennent. En 2021, moins de 150 000 élèves ont choisi l’allemand comme langue vivante… contre 600 000 en 1994 !​

    Du côté des professeurs, es herrscht ein Mangel​c’est la pénurie. « Le nombre d’enseignants en allemand sinken​baisse continuellement depuis 12 ans. Plus de 1 400 postes d’enseignants d’allemand n’ont pas besetzen​été pourvus durant les 12 dernières années », s’inquiète l’ADEAF, qui demande un Wiederbelebungsplan​plan de relance concret.​

    On compte aujourd’hui environ 6 500 professeurs d’allemand en France contre plus de 10 000 en 2006. Professeure agrégé,eagrégée d’allemand au lycée, Aude de Certaines se dit pessimiste : « On recrute de plus en plus difficilement. Les départs en Rente​retraite ne sont plus ersetzen​remplacés. Certains doivent enseigner dans plusieurs établissements. Les emplois du temps deviennent unvorstellbar​invraisemblables. Et le niveau des nouveaux profs nachlassen​s’affaiblit. On so weit sein, dass man etw tuten est à recruter des gens simplement parce qu’ils parlent allemand ! » Chez les jeunes, la langue de Goethe a encore cette étiquette de langue difficile, élitiste. « Ils préfèrent l’espagnol, plus facile ». ​

    Cependant, la situation n’est pas meilleure à l’étranger : « On ne peut plus faire d’échange scolaire avec notre Gymnasium partenaire en Autriche parce qu’ils n’ont pas assez d’élèves dans leur classe de français. »

    « La pratique de nos langues einbrechen​s’effondre de part et d’autreauf beiden Seiten​de part et d’autre de la frontière », confirme Corine Defrance, directrice de recherche au CNRS et historienne des relations franco-allemandes. « En France, la Abschaffung​suppression des classes bilangues en 2015, jugées trop élitistes, a cassé un élan, un enthousiasme. Et moins d’élèves, c’est moins de professeurs. » Si rien n’est fait, l’ADEAF prévoit que l’enseignement de l’allemand baissera d’environ 30 000 élèves par an.​

    Dans le monde professionnel, l’allemand reste pourtant la langue la plus demandée après l’anglais. Et pour cause : l’Allemagne weiterhin bleiben​demeure le premier partenaire commercial de la France.​

    Amitié ou coopération ?​

    Le tandem franco-allemand a connu et connaît encore de belles Erfolg​réussites économiques. « Airbus est la Beweis​preuve d’une coopération franco-allemande réussie. Celle-ci continue d’avoir un rôle à jouer dans la construction européenne, même si nos deux pays ne sont plus les seuls moteurs », commente Jérôme Vaillant.​

    Sur le plan politique, Corine Defrance note « un Zögerlichkeit​flottement et des Spannung​tensions renforcées par la guerre en Ukraine, la concurrence industrielle liée au prix des énergies, les Streitfrage​enjeux en matière de défense. Sans oublier la montée de l’extrême-droite dans les deux pays, qui ins Wanken bringen​minent nos démocraties ». Les sujets qui verstimmen​fâchent sont nombreux. Emmanuel Macron et Olaf Scholz n’ont pas la même complicité que les couples Adenauer et de Gaulle, Schmidt et Giscard d’Estaing, Kohl et Mitterrand, ni même Chirac et Schrö­der ou Sarkozy et Merkel. « Il y a encore une Funke​étincelle franco-allemande, mais on ne reste pas amis avec autant d’émotion qu’à l’époque du général de Gaulle et du chancelier Adenauer. Il y a eu un hier: Abkühlung​tassement. Je parlerais de coopération plutôt que d’amitié », ajoute Jérôme Vaillant. À qui la faute ? Le professeur émérite de l’université de Lille pointe la Empfindlichkeit​susceptibilité française dès qu’il s’agit de son voisin : « La France est très critique envers l’Allemagne sur la question militaire, alors qu’on schleppend vorankommen​traîne des pieds dans la construction d’un avion de combat du futur. Quant à l’aide militaire à l’Ukraine, nous croyons que l’Allemagne ne fait rien, alors qu’elle a aidé à hauteur de 20 milliards d’euros… et nous d’nicht einmal​à peine 3 milliards ».

    Et si le hier: Antrieb​sursaut de l’amitié entre les deux pays se trouvait dans la société civile ? Encore 70 % des échanges scolaires se font avec l’Allemagne. En 60 ans, l’Office franco-allemand pour la jeunesse (OFAJ), une organisation en faveur de la coopération franco-allemande, a permis à près de 9,5 millions de jeunes de participer à plus de 382 000 programmes d’échanges. « Et après un arrêt pendant la pandémie, c’wieder in vollem Gange sein​est reparti à plein ! Les jeunes ont à nouveau envie d’expériences transfrontalières », se réjouit Anne Tallineau, cosecrétaire générale de l’OFAJ. « L’année 2024 verra beaucoup d’échanges sportifs à l’occasion des Jeux olympiques de Paris, mais aussi des commémorations, des marches pour le climat, des partenariats culturels, des Ausgrabungsstättechantiers de fouilles archéologiques franco-allemands ».​

    Bel outil binational, l’OFAJ beneidet werden​fait des envieux. « D’autres pays nous demandent notre
    expertise. C’est le cas avec l’organisation RYKO, dédiée au renforcement
    des liens entre les jeunes des Balkans ». L’OFAJ a aussi mis en place le programme Élysée Prim, qui permet à des professeurs français d’enseigner dans une école primaire en Allemagne pendant un an.

    Des jumelages en quête de jeunes​

    Autre sujet de satisfaction : les le jumelageStädtepartnerschaft​jumelages.  « Ils gut gehen​se portent bien, leur chiffre wachsen​croît doucement. Cela montre une volonté locale de durchführen​mener des actions communes. C’est l’idée que la bonne entente franco-allemande fait partie d’un Kulturerbe​patrimoine commun », observe Corine Defrance. Environ 2 400 jumelages lient des villages et des villes de part et d’autre du Rhin. ​

    À Marseillan, au bord de l’étang de Thau, on s’est récemment sich etw zuwenden​tourné vers la Bavière. La petite ville du Languedoc est jumelée depuis 2020 avec Miesbach, une localité d’environ 12 000 habitants, située à 48 km de Munich. « L’idée nous a été proposée par un citoyen allemand qui vit chez nous. Nous avons accepté car nous sommes profondément européens et recevons ziemlich viele​pas mal de touristes étrangers », commente l’l’adjoint,e au mairestellvertretende/-r Bürgermeister/-in​adjoint au maire Walter Bignon. « Le jumelage doit permettre de fördern​favoriser les échanges culturels et scolaires, d’accueillir des associations musicales et sportives allemandes, de promouvoirpromouvoir l’image de la ville ». Les premiers échanges, unterbrochen​interrompus par le Covid, sont encore hier: zaghaft​timides. Mais lors de la fête du Printemps, les habitants de Marseillan ont eu la surprise de voir auftauchen​débarquer des danseurs folkloriques en Lederhose​culotte de peau. Dirndl, bière et saucisses : « Le contraste était überwältigend​saisissant ! Nous avons été très impressionnés car les Allemands jouent le jeu de la tradition à fond. » L’ancienne maire bavaroise a même sich in etw vergucken​eu un coup de cœur pour la commune du Sud… au point deso sehr, dass​au point dy acquérir une résidence secondaire ! reste à faire qcnun gilt es, etw zu tun​Reste à attireransprechen, anziehen​attirer les jeunes, trop souvent interessenlos​indifférents à ces sympathiques unions. Selon une étude de la Fondation Bertelsmann sur les jumelages, seuls 23 % des participants à des échanges ont moins de 30 ans, et 40 % plus de 60 ans.​

    L’amitié franco-allemande passer parbrauchen​passe donc par le renouvellement des générations.  Et par un nouvel élan. « Le thème de la réconciliation ne motive plus. Quel sera notre nouveau projet commun ? », interroge Corine Defrance. Une amitié, das muss gepflegt werden​ça s’entretient
     

     

     

     

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