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    Les animaux dans les contes

    DIFFICILE
    Écoute 4/2022
    Rotkäppchen
    © Imgorthand/istock
    Von Jean-Paul Dumas-Grillet

     

    Le petit chaperon rouge

    Dans Le Petit Chaperon Rouge de Charles Perrault (1697), le loup mange la fillette. Morale de l’histoire : le monde est dangereux pour les enfants.

     

    Le loup

    La figure la plus populaire du loup en tant que personnage de conte est à chercher du côté du Petit Chaperon Rouge. Les origines de l’histoire remontent vraisemblablement au XIVe siècle. D’innombrables versions se transmettent oralement dans les campagnes françaises jusqu’au XVIIe siècle, où le conte retranscrireniederschreibenest retranscrit et figerfesthaltenfigé par Charles Perrault. Cette peur du loup mangeur d’hommes apparaît dès le haut Moyen Âge, où un climat hostile ruine l’agriculture et provoque une succession de la famineHungersnotfamines dévastatriceverheerenddévastatrices. Hommes et animaux tenaillerquälensont tenaillés par la faim. À la recherche de nourriture, des meutes de loups s’approchent des villages et des villes. Leurs le hurlementHeulenhurlements lugubreschauriglugubres résonnent dans la nuit, susciterhervorrufensuscitant l’angoisse. Pourtant le loup est un animal craintif,veängstlichcraintif. Les cas d’attaques sur des humains restent rares, en dehors de quelques bêtes enragé,etoll, tollwütigenragées. Dans les périodes plus fastebesserplus fastes, les hommes se venger desich rächen fürse vengent de la peur du loup en le faire passer qn pour qcjn als etw. hinstellenfaisant passer pour un animal stupide. Dans le Roman de Renart, le loup Ysengrin est constamment tromperüberlistentrompé par le le renardFuchsrenard à qui l’on attribue, au contraire, des qualités de la ruseSchläueruse et d’intelligence.il en est de mêmehier: das ist auch so Il en sera de même dans les le dessin animéZeichentrickfilmdessins animés de Walt Disney où, à défaut dehier: weil er nichtà défaut de dévorer le petit cochonSchweinchenles petits cochons, le loup finit dans une la marmiteKochtopfmarmite d’eau bouillante. Le le loup-garouWerwolfloup-garou prêter à rirelächerlich seinprête moins prêter à rirelächerlich seinà rire : c’est un homme-loup diabolique. Il erre la nuit à la recherche de ses la proieBeuteproies. Et au XVIIIe siècle, un animal particulièrement férocewildféroce sévirUnheil anrichtensévit dans le département de la Lozère au sud de l’Auvergne : la Bête du Gévaudan. Elle fait des dizaines de victimes, pour la plupart des enfants. Quel était la nature de ce le prédateurRaubtierprédateur ? Un loup – ou plusieurs – de grande taille ?

     

    Wolf

     

    Écouter l'histoire de la Bête du Gévaudan

     

    Le corbeau

    RabeTout au début de son histoire, le corbeau symbolise la lumière. Ainsi, le nom du dieu celtique Lug, dont le messager est un corbeau, serait à rapprocher dehier: sich ableiten vonrapprocher de la la racineWurzelracine indo-européenne leu- signifiant « lumière » (lux en latin). Le corbeau est un oiseau solaire. Sa lla luminositéLeuchtenuminosité lui permet de guider les l’âme (f)Seeleâmes dans les les ténèbres (f/pl)Finsternisténèbres. Les Romains admiraient ses la facultéFähigkeitfacultés cognitives et lui attribuaient le le donGabedon de prophétie. L’Église en fera un animal diabolique à cause de sa couleur noire et de son le croassementKrächzencroassement sépulcral. À partir du VIIIe siècle, l’Église s’oppose radicalement au culte du corbeau. Elle en ordonne le massacre pur et simple. Cette guerre contre des rites millénaireuraltmillénaires ne s’acheverendens’achève qu’au XIIe siècle. La victime principale en est le le grand corbeauKolkrabegrand corbeau, qui disparaît peu à peu des campagnes. Pour diaboliser le corbeau, on le charger qn de qcjm etw. zuschreibencharge de tous les le viceLastervices : c’est un le charognardAasfressercharognard, il est saleschmutzigsale, il porte malheur, annonce la mort... À la fin du Moyen Âge, le corbeau est un animal maudit,efluchbeladenmaudit. Aujourd’hui, la la perceptionWahrnehmungperception du corbeau est de nouveau en train de changer. Des études récentes ont montré son intelligence par une série de tests étonnants. Elle serait même supérieure à celle de n’importe quel autre animal. On est bien loin du corbeau de la fable de Jean de La Fontaine, dans laquelle l’oiseau est assez bête pour cédernachgebencéder aux les louanges (f/pl)Loblouanges du renard et lâcherfallenlassenlâcher le fromage qu’il tient dans son le becSchnabelbec.

     

     

     

    L’ours

    Dans l’antiquité occidentale, l’ours était le roi des animaux. Sa taille imposante – jusqu’à trois mètres – impressionnait les le chasseurJägerchasseurs, qui saluer en qn qcin jm etw. sehensaluaient en lui l’animal le plus redoutablefurchterregendredoutable. En raison de sa ressemblance avec l’homme, l’ours est considéré comme un intermédiaire entre le le règneReichrègne humain et le règne animal. C’est aussi un symbole de puissance et de la royautéKönigswürderoyauté. Le nom du roi breton mythique Arthur dérive peut-être du celtique arzh, signifiant à la fois « ours » et « le guerrierKriegerguerrier ». On retrouve aussi l’ours dans l’un des contes de la légende arthurienne, Le Roman d’Yder. Dans celui-ci, un page se rend à la cour du roi Arthur pour être fait chevalierzum Ritter geschlagen werdenêtre fait chevalier. Tandis qu’il se trouve auprès de la reine Guenièvre en compagnie de Gauvain, l’un des membres les plus prestigieux de la garde arthurienne, un vieil ours s’échapperentkommens’échappe de la la ménagerieVorläufer des Zoosménagerie royale. Attiré par le parfum exquis de la reine, l’animal faire irruptioneindringenfait irruption dans sa chambre. Gauvain échouerscheiternéchoue à le maîtriserüberwältigenmaîtriser, mais Yder le combat à mains nues et le précipiter dans le videin die Tiefe stürzenprécipite dans le vide. Cet l’exploit (m)Heldentatexploit lui vaut l’admiration de toute la cour. Guenièvre en fait son favori.

    Le combat ancestral,ealtüberliefertancestral entre l’homme et le le plantigradeSohlengängerplantigrade disparaît au fil des siècles. Les le dompteur d’oursBärenführerdompteurs d’ours remplacent les le preux guerrierRecke, tapferer Kriegerpreux guerriers. Au cirque, l’ex-roi des animaux amuse le public en dansant maladroitementungeschicktmaladroitement. Puis, il trouve une place de choix dans le bestiaire en peluche des enfants. Dans la série culte Bonne nuit les petits, c’est un gros ours nommé le nounoursTeddybärNounours qui descend chaque soir d’un nuage pour raconter une histoire aux enfants avant qu’ils n’aillent au lit.

     

    Bär

     

    Michel Pastoureau

    Toute la longue carrière universitaire de Michel Pastoureau est dédiée aux symboles : les couleurs, les drapeaux, les animaux et leur signification dans l’Histoire. Né à Paris en 1947, l’historien a déjà publié une quarantaine de livres. Après le succès de Bleu, histoire d’une couleur (Le Seuil, 2000), le professeur émérite à la Sorbonne et à l’École pratique des hautes études a consacré des ouvrages très complets au noir, au rouge, au vert et au jaune. Pour en savoir plus sur les trois animaux présentés dans cet article, citons trois livres richement illustrés : L’Ours, histoire d’un roi déchu, Le Loup, une histoire culturelle et, le plus récent, Le Corbeau, une histoire culturelle (Le Seuil, 2021).

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